• L'ancien président avait ses "sans dents", le nouveau ses "fainéants". Décidément  on n'aime pas le Peuple à l'Elysée. 

     

    Les "sans dents"

    On se déplace en galère

    en évitant les lumières

    fantômes de bancs en bancs

    on s'appelle les "sans dents".

     

    La pitance récoltée

    est gobée et digérée

    dans l'alcool qui te décrasse

    du gosier au pancréas.

     

    Dans les canettes de bière

    on éructe nos misères

    entre deux litres de vin

    on pisse nos lendemains.

     

    Sur le quai de la gare

    de vous voir nous on se marre

    vous courez entre deux trains

    tandis qu'on vous tend la main.

     

    La pauvreté ça sent fort

    c'est un peu comme la mort

    c'est une odeur qui exclue

    on est un peu disparus.

     

    Chez nous, y a plus de sexe

    on est tous pareils, des ex

    on est tous frères de peine

    dans cette vie de déveine.

     

    On vous invite à la belle

    en partageant nos querelles

    et nos sourires béants

    on s'appelle les "sans dents".

    Vik

     

    Les "fainéants"

    Dans la grande cité

    ou village isolé

    on s'est plu à rêver

    qu'on serait ménagé.

     

    Mais c'était sans compter

    sur "monsieur Elysée"

    qui veut nous comparer

    à des gens désoeuvrés.

     

    C'est du bout du chemin

    qu'il va gagner son pain

    si tôt dans le matin

    que c'est presque demain. 

     

    Et c'est dans le jour gris

    qu'il finira sa nuit

    de ses rêves transis

    d'avoir si peu dormi.

     

    Elle court toujours trop

    l'école et les marmots

    ensuite le métro,

    être à l'heure au boulot.

     

    L'inverse c'est plus tard

    quand arrive le soir

    retour case départ

    ménage une autre histoire.

     

    L'histoire de la terre

    qu'il creuse et qu'il aère

    pour qu'elle soit prospère

    sera toujours misère.

     

    De l'aube au crépuscule

    sous le soleil qui brûle

    ou le vent qui bouscule

    Sa peine il accumule.

     

    Monsieur le Président

    se tromper c'est souvent

    le fait des ignorants

    qui se croient bien-pensants.

    Vik

     

    Je vous renvoie à un vrai Monsieur

    Ma France

     

     


  •  

    Voici l'ultime soir

    où j'abrège mon sort

    d'un seul coup de rasoir

    je me donne à la Mort.

     

    La bête est là, hideuse,

    s'abreuve de mon sang

    et me vide la gueuse

    m'emportant lentement.

     

    Tandis que je m’envole

    au-dessus de ma vie

    ma carcasse s’étiole

    sur ce banc du parvis.

     

    Les passant s’éternisent

    devant ce petit coin

    un clochard agonise

    "ça en fait un de moins".

     

    Aucun regard ami

    pour mes derniers instants

    c'est fou mais je souris

    je les quitte content.

     

    La bête est là, immonde,

    pour finir son festin

    m’effaçant de ce monde

    où je ne laisse rien.

     


  •  

    Tout d'abord y a nous

    qu'on s'aime à la folie,

    qu'on brave les tabous

    et tous les interdits.

     

    Et puis y a les autres

    qui se moquent de nous,

    y jouent les bons apôtres

    à croir' qu'y sont jaloux.

     

    Y dis' qu'on est trop jeunes

    qu'on a pas un euro,

    qu'on sera jamais fun

    car on vient du ruisseau.

     

    Pourtant on est comme eux

    mêm' si on est d'ailleurs,

    on voudrait vivre heureux

    juste un peu de bonheur.

     

     

    On rêve d'un pays

    où l'amour ferait loi,

    on serait tous amis

    on aurait tous un toit.

     

    On ferait des enfants

    qu'auraient plus jamais faim,

    avec des vêtements

    com' tous les aut' gamins.

     

    On serait tous égaux

    au pays des merveilles,

    avec la même peau

    la couleur du soleil.

     

    Mais pour ce soir encore

    sous la pile du pont,

    on serre nos deux corps

    dans l'abri de cartons.

     

    Tout d'abord y a nous

    qu'on s'aime à la folie,

    qu'on brave les tabous

    et tous les interdits.


  •  

    La bonne année

    je vais geler

    sous les cartons

    au pied du pont.

     

    La bonne santé

    je vais chercher

    dans les ordures

    ma nourriture.

     

    Les meilleurs voeux

    c'est juste pieux

    dans les regards

    trop peu d'égards.

     

    Quand au bonheur

    c'est jamais l'heure

    mon avenir

    c'est de pourrir.

     

    La bonne année

    je vais crever

    là où ailleurs

    cherchez l'erreur.


  •  

    Quand je passe sous ce pont

    c'est tout mon corps qui se braque

    il n'y a plus de cartons

    plus rien de son bric à brac.

     

    Sur le banc il était là

    René c'était un mec bien

    toujours à dire "ça va?"

    René c'était mon copain.

     

    Ici c'était son domaine

    il t'y racontait sa vie

    celle d'avant ses déveines

    quand il avait des amis.

     

    Il te lisait ses voyages

    dans les bandes dessinées

    de ses nombreux tatouages,

    seul bien qu'il eut possédé.

     

    Il avait couru le monde

    derrière des chars d'acier

    pour une paix vagabonde

    qu'il n'a jamais pu trouver.

     

    C'était ses dernières guerres

    qui l'avaient poussé ici

    jusqu'au bout de ses misères

    à manger du pain rassis.

     

    Toujours prêt à partager

    même ce qu'il n'avait pas,

    de ses rires édentés

    il chantonnait d'être là.

     

    Et moi j'aimais me poser

    pour parler de tout, de rien

    cinq minutes d'amitié

    c'est fou com' ça fait du bien!

     

    Mais il est parti depuis

    vaincu par "la sale grippe",

    c'est sûr maintenant il vit

    au pays des braves types.

     

    Si le banc est déserté

    un autre viendra sans doute,

    la rue est très fréquentée,

    pour y terminer sa route.

     

    Si tous les Renés du monde

    pouvaient se donner la main

    on entrerait dans la ronde

    de l'amour de son prochain...


  •  

    Je suis un vagabond

    j'enduis les fleurs de miel

    je peins les papillons

    couleurs de l'arc-en-ciel.

     

    Je vais de nuit en nuit

    les étoiles lustrer 

    et les nuages gris

    couvrir de tons ocrés.

     

    Je tisse les aurores

    aux rayons du soleil

    pour des matins bonheur

    quand la rose s'éveille.

     

    J'éclaire les chaumières

    sous la voûte des cieux

    je porte la lumière

    qui rend les gens heureux.

     

    Quand l'horizon levant

    ferme ma nuit trop brève

    je retrouve le banc

    où reposent mes rêves.

     

    Je suis un vagabond

    j'aime les fleurs de miel

    comme les papillons

    je cours les arcs-en-ciel.


  •  

    Avec ou sans toi toujours

    les nuits s'ombrent de douleurs

    le ciel gris des mauvais jours

    ne rend pas la rue meilleure.

     

    Que tu sois ici ou non

    l'hiver tue de ses blessures

    je dors toujours sous le pont

    entre deux dépôts d'ordures.

     

    Mais lorsque tu n'es pas là

    la lune devient absente

    je me bat contre les rats

    je me perds dans leur tourmente.

     

    Le trottoir est bien plus laid

    à serpenter sous les porches

    c'est la honte et le rejet

    la solitude m'écorche.

     

    Je ne suis plus que moitié

    d'un bout de chemin à deux

    qu'on se rêvait d'emprunter

    on a le droit d'être heureux.

     

    Mais quand tu me reviendras

    la douleur sera partie

    l'espérance sera là

    l'envie d'exister aussi.

     

    A genoux j'irai mendier

    des étoiles et de l 'or

    pour, ma reine, te parer

    de richesse et de bonheur.

     

    Avec ou sans toi toujours

    la rue restera la rue

    mais avec toi c'est l'amour

    qui en fait une avenue.


  •  

    Écartés de tout ce qui brille

    nous sommes la grande famille

    de tous ceux qui n'ont de fortune

    que les étoiles au clair de lune.

     

    Exclus de toutes les richesses

    nous cheminons dans la détresse,

    aiguillonnés par la morsure

    de la faim et de la froidure.

     

    Le trottoir est notre litière

    nous sommeillons sous les gouttières,

    nous remplissons nos écuelles

    de la récolte des poubelles.

     

    Oubliés de la société

    nous avons cessé d'exister,

    ne restent de nous que les ombres

    qui s'enfoncent dans la pénombre.

     

    Mais chaque jour la vie amène

    une charrette d'âmes en peine

    qui enflent la grande cohorte

    de tous ces enfants qu'elle avorte.

     

    Alors des caves, des égouts

    nous sortirons de tous ces trous

    comme une grande armée des ombres

    se libérant de ses décombres.

     

    Écartés de tout ce qui brille

    nous sommes la grande famille

    de tous ceux qui n'ont de fortune

    que les étoiles au clair de lune.

     


  •  

    La rue grossit repue

    de tous ceux qu'elle ingère

    les sans-abri vaincus

    par leur grande misère.

     

    Au début elle t'offre

    un toit pour t'abriter:

    un carton, un vieux coffre,

    un banc ou la chaussée.

     

    Mais petit à petit

    tu perds ton existence

    elle te prend, t'épie

    tu es sa subsistance.

     

    Alors tu n'en veux plus

    tu la hais, la rejette,

    mais tu t'es répandu

    de cette vie en miettes.

     

    Tu finiras ici

    sur ces quelques pavés

    où tu te rabougris

    jusqu'au dernier degré.

     

    Ne resteront alors

    que quelques tâches sombres

    qu'un autre sans bonheur

    couvrira de son ombre.

     

    La rue s'étend gonflée

    de tous ceux qu'elle accueille

    dernier nid des paumés

    avant d'être un linceul.

     


  •  

    On ne choisit pas sa rue

    elle te tombe dessus

    comme ça, sans prévenir

    c'est là où tu vas souffrir.

     

    Tout le monde t'abandonne

    tu n'es plus une personne

    et bien moins un animal

    plus rien de toi n'est normal.

     

    Tu n'es qu'ombre de nos ombres

    ta vie n'est plus que décombre,

    débraillée sur ce trottoir

    elle ne cesse de déchoir.

     

    On ne choisit pas sa rue 

    elle te prend et t'exclue

    tu n'auras plus d'avenir

    c'est là où tu vas mourir.

     

     





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