•  

    Une vie de mort

    où plus rien n'existe

    brisée des erreurs

    d'un destin trop triste.

     

    Le dernier chemin

    où s'en vont finir

    d'une piètre fin

    les noirs souvenirs.

     

    Le sort de celui

    qui dort dans la rue

    l'homme qui périt

    d'avoir tout perdu.

     

    Passé sans mémoire

    d'avoir mal vécu

    présent sans espoir

    c'est ici l'issue.

     

    Mais on n'a pour lui

    que maigre pitié

    car vivre est ainsi

    qu'il faut avancer.

     

    Une vie de mort

    où plus rien ne vaut

    brisée par l'horreur

    de terribles maux.


  •  

    Je suis un insurgé

    ma plume tourmentée

    se perd au caniveau

    des pauvres mendigots.

     

    Je suis un déjanté

    prônant l'égalité

    avec ceux qui n'ont rien

    com' si c'était humain.

     

    Je n'ai que des chimères

    à offrir en misère

    aux frères dépourvus

    que j'aime dans la rue.

     

    De mes notes amères

    je clame leur galère

    mais ma guitare usée

    ne peut m'accompagner.

     

    Je n'ai que quelques mots

    pour ce pauvre credo

    mais je veux les crier

    très forts au monde entier.

     

    De mon coeur insolent

    me reste un peu de sang

    que j'étale en posant

    ces ultimes tourments.

     

    Je suis un indigné

    ma plume révoltée

    hurle du caniveau

    des pauvres mendigots.


  •  

    Je suis celui de la rue

    on dit souvent que je pue

    c'est l'odeur de la misère

    qui ne connait de frontières.

     

    Que ce soit là ou ailleurs

    il n'est pas plus grand malheur

    que de périr de sa faim

    aux pieds des grands magasins.

     

    Ou tout près des restaurants

    aux fumets si odorants,

    avec eux je me souviens

    des repas que j'aimais bien.

     

    Je sais que je suis exclu

    d'ailleurs je n'existe plus

    quand je m'adresse aux passants

    je suis comme transparent.

     

    Alors je me rabougris

    sur ce trottoir qui pourrit

    de ma vie se répandant

    dans ses râles et relents.

     

    Je suis celui de la rue

    qu'on oublie et ne voit plus

    quand je pue cette misère

    qui me tue dans la poussière.


  •  

    Bientôt le mois de décembre

    celui des calendriers

    ils viennent tous pour en vendre

    facteurs, éboueurs, pompiers.

     

    Ils se mettent en valeur

    à poser à découvert

    chaque mois est à l'honneur

    c'est l'année mise en lumière.

     

    Nous, notre calendrier, 

    vous le suivez tous les jours

    c'est celui des va-nu-pieds

    que vous croisez sans détour.

     

    Il ne vous en coûte rien 

    vous pouvez voir sans payer

    les nombreux crève-la-faim

    s'exhibant sur le pavé.

     

    Et si vous n'en voulez pas

    il ne reste qu'à tourner

    la tête en pressant le pas

    vous n'avez qu'à oublier.

     

    Bientôt le mois des cadeaux

    récompensant la constance

    nous, on reste mendigots

    de la grande indifférence.


  •  

    A rouiller dans la rue

    on n'a plus d'avenir

    de cette vie perdue

    on voudrait en partir.

     

    Du froid et de la faim

    de cette indifférence

    parce qu'on n'est plus rien

    qu'une peau de souffrances.

     

    On ne peut se poser

    autrement qu'en passage

    sur la route forcée

    d'un ultime voyage.

     

    Un coin de rue, un banc

    sous la pile d'un pont,

    là où on se répand

    on n'est que moribond.

     

    Mais moi j'ai mon étoile

    où je peux me guider

    elle est la cathédrale

    où je vais m'abriter.

     

    Elle vient d'échouer

    chez nous, les renégats,

    je veux la préserver

    car je l'aime déjà.

     

    Sous son manteau râpé

    elle garde un trésor

    sa très grande beauté

    cachée sous ses malheurs.

     

    Elle a les yeux du ciel

    quand il est éblouissant

    c'est comme un arc-en-ciel

    qui sur moi redescend.

     

    Ses cheveux portent l'or

    emprunté au soleil

    je rêve sur son corps

    en septième merveille.

     

    Sur ses lèvres de rose

    j'aimerais déposer

    la plus belle des proses

    écrite au verbe aimer.

     

    Avec son port de reine

    on oublie ses haillons

    et moi je loue ma veine

    d'avoir ma Cendrillon.

     

    Un jour nous quitterons

    de cet endroit l'enfer

    voguant sur l'horizon

    sans aucune misère.

     

    A s'aimer dans la rue

    on porte l'avenir

    d'un amour éperdu

    qui ne peut se tarir.

     





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