• Une vie

     

    Quelques touches de piano

    pour me rappeler la vie

    que j'ai portée si haut,

    dévorée avec envie.

     

    Je revois les murs de terre

    où l'on dormait entre rats

    le plafond de ses gouttières

    se répandait sur les draps.

     

    Et cette cour des miracles

    où l'on se réunissait

    sur la place du pentacle

    aux adultes on jouait. 

     

    Et puis la petite rue

    témoin de nos échappées

    on allait souvent pieds-nus

    barboter dans le fossé.

     

    C'était l'âge où l'on croyait

    que le monde était à nous

    que princes il nous ferait

    on était comme chiens fous.

     

    Mais la mort a décidé

    de briser la vénerie

    avant l'heure elle a fauché

    lâchement plusieurs amis.

     

    Ce fut la fin des ados

    le début d'une existence

    jalonnée de joies et maux

    de peines en espérances.

     

    D'autres meutes ont suivi

    plus nombreuses plus aimées

    me comblant de cette vie

    qui m'a lentement usé.

     

    Voilà, le temps est passé

    rapide tel un brûlot

    mon parcours j'ai achevé

    je referme le piano.

    « CavalierOn ne choisit pas sa rue »